LES MUSIQUES DE CIRQUE DE MONSIEUR TITOU |
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Festivals
et concerts
Philippe Allen |
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Poésie du jour et de la nuit La carte de
Mhère offre toujours des fruits étranges. De préférence la nuit, mais
pas seulement. Dans “ la grange de M. Comte ”, un peu plus haut dans
le village, un cirque avait planté son chapiteau miniature. Poussée
la porte et franchi l’épais rideau, enveloppé de la chaude odeur de
bois scié on semblait avoir pénétré, comme Alice, dans un autre monde.
Changer d’échelle : là est sans doute l’antidote au spectacle. “ Small
is beautiful ”, certes, mais c’est davantage encore. La petitesse, comme
la lenteur est aujourd’hui un concept critique. Jean-Christophe Camps
a installé ses petits tréteaux sous une tente de plage, la piste est
un tambour et une guitare posés sur une table de camping, à hauteur
des yeux. Les spectateurs sont des élus au nombre limité de cinq. Trois
devant, au ras du sol ; le minuscule banc de derrière “ est réservé
aux amoureux ” : il s’en trouva qui apprécièrent d’être ainsi appelés
à se serrer. Les yeux rivés sur les manipulations de petits animaux
mécaniques, d’une balle et de menus objets qui arpentent, roulent ou
claudiquent sur le manche de la guitare, tombent sur la peau du tambour,
les têtes se rapprochent comme celles d’un cercle d’enfants occupés
à jouer aux billes sous le préau d’une école. Le monde n’existe plus,
oublié, un univers a pris sa place, intense, délivré des normes adultes
et de leur dictature de l’utile. Absorbés dans la contemplation de grenouilles
sauteuses, d’une coccinelle hésitante, d’un pic acrobate et d’un équilibriste
en péril, le sérieux du jeu nous avait reconquis. Un temps qui fut nôtre,
enfoui sous les scories de l’existence, se ranima, tout de fraîcheur,
de disposition à l’inouï. Alors, le moindre événement sous la tente
prit une dimension cosmique : Les musiques de cirque de M. Titou font
à nouveau circuler le sang gelé du monde. Rendus à l’ordre de la présence,
nous fûmes raccordés au battement du temps. Il avait suffi pour cela
d’agir sur la distance. Rapprocher, réduire, ramener doucement l’œil
et l’oreille à hauteur de réalité. Trouver la distance juste, et laisser
agir : “ hygiène ”, dirait Baudelaire. Là encore, la beauté du dispositif
tient en partie à ce que tout s’effectue “ à vue ”. La précision du
geste, sa seule délicatesse permet au manipulateur de disparaître dans
sa présence, comme le montreur de marionnettes, devenu transparent et
pourtant là, indéniablement là. Les musiques de ce cirque-là sont tout
de bruissements réels, tirés de la rumeur du monde, élevés jusqu’à l’ouïe
par une simple qualité de silence et d’attention. Pareils à des insectes
écrasés sous nos pas quotidiens de promeneurs pressés qui réservent
au microscope leur trésor baroque de formes insoupçonnées. Mais l’œil
est un microscope, qu’on le ramène au ras de l’herbe - et l’oreille
un cornet acoustique. La merveille, c’est que cette “ juste distance
” qui décompose comme un prisme la lumière blanche de l’idéologie, coïncide
exactement avec celle qui rend la poésie possible, lui permet d’advenir
(3). (3) Ce travail se situe donc dans le prolongement, en droite ligne, de celui que Jean-Christophe Camps a pu faire sur le Journal télévisé de 20 h, “ Le Journal d’information Parlé ” (voir Dominique Grimaud, "Carnet de croquis", Revue & Corrigée, n° 51, mars 2002, et Jean-Christophe Camps, "Nous avons dérivé dans une caverne" Revue & Corrigée n°48, juin 2001) et bien dans le fil de nombre de recherches des Kristoff K. Roll, ces Straub et Huillet de la musique. Interroger ensemble le réel et la perception, c’est reconnaître que l’on n’agit efficacement sur l’un ou l’autre qu’en les prenant ensemble, dans leur relation concrète, sans rien nier du réseau de relations qui en conditionne les rapports, et dont la plupart nous échappe. Débusquer l’idéologie, c’est défaire patiemment ce tissu complexe. Cela passe nécessairement par des dispositifs qui décomposent les comportements perceptifs (voir le travail d’analyse institutionnelle auquel s’est livrée Carole Rieussec). Il y faut bien du tact pour ne pas tout bonnement les remplacer par d’autres mécanismes tout aussi manipulateurs, et qui se révèlent bien souvent, à leur insu, participer eux-mêmes du “ spectacle ”
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L'HERAULT DU JOUR |
Montpellier festival Saperlipopette,
voilà enfantillages ! |
Ce week-end, Monsieur Titou a donné 14 fois le plus
petit concert du monde! (Photo AL)
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