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l’égaré
1 - Le personnage de Kraps
2 - Forme sonore et musicale – théâtre sonore – pluridisciplinarité
3 - Un parcours où apparaissent des fantômes musicaux de l’histoire musicale récente
4 - Magie Nouvelle

Le personnage de Kraps

Sa passion du son est au cœur du propos qui est de mettre en jeu l’écoute.
Kraps « regarde » le son intensément, et finalement, il le donne à voir.
Ses bandes, il les commente, il les revit.
Habité, « enivré » par les sons, dès qu’il touche un objet, c’est pour faire du son avec. Même son journal, il le lit avec un micro.

Kraps est d’ailleurs différent lorsqu’il est dedans ou en dehors de la bande.
Il développe une sorte de « Schizophonie », cette fâcheuse habitude de séparer la source de sa reproduction électroacoustique (sa copie).

l’égaré nous emmène dans les « coulisses du son », en quelque sorte.
La dramaturgie est issue d’une pensée du sonore. Elle est conduite par l’oreille.

 

Forme sonore et musicale – théâtre sonore – pluridisciplinarité

   

Par sa construction de langages associés, on pourrait parler de « féérie musicale ».
Par théâtre sonore, il faut entendre un théâtre dont le son en est l’origine et qui se rythme dans une temporalité singulière.
Le son étire le temps théâtral, et permet un voyage poétique dans divers types d’auditions.
Il élargit la notion de hors champ traditionnelle du théâtre, en particulier avec ces « présences à distance ».
La relation avec la technique (microphone, enregistreur, haut-parleur) est entièrement donnée à voir ; la technique n’étant pas un simple auxiliaire de l’artiste mais au cœur de la créativité.

l’égaré laisse glisser un sens politique en dévoilant de façon ludique ces mêmes machines et outils qui nous manipulent : de la manipulation des images à, ici, celle des sons, et manipulations psychologiques associées à ces médias.

Inclassable, l’égaré développe une écriture mêlée avec : son (musical ou non), personnage comédien et images magiques. La magie devient ici l’intermédiaire perceptif entre la dramaturgie théâtrale et les jeux de la perception du monde de la musique.

L’écriture du spectacle est pensée aussi comme une composition musicale avec des relations d’énergie, épaisseur, mais aussi avec des paramètres abstraits musicaux : variation, contrepoint, miroirs, …
Certaines opérations de studio – rewind, ralenti, transposition, collage … - deviennent opérantes dans le déroulement dramatique.
Tout comme le sont les relations au son : playback, désynchro, décalage, …
A l’inverse, les outils de la pensée magique influencent la composition musicale.

 

Un parcours où apparaissent des fantômes musicaux de l’histoire musicale récente

Malgré une attirance certaine pour le blues, Kraps laisse circuler autour de lui quelque fantômes musicaux qui viennent le hanter et influer son activité sonore.

Décèlera-t-on, jouée sur un fouet de cuisine, une évocation d’un solo d’alto de John Cale avec le Velvet Underground ?
La porte qui grince chère à Pierre Henry, nous la voyons enfin !
Un guitariste incontournable vient lui faire changer radicalement le son de sa guitare.
Un fauteuil qui semble pourtant sorti d’un film de Jacques Tati nous évoque La Monte Young.
Une théière et un moustique rendent un hommage aux saxophonistes hurleurs du free jazz.
Une promenade nocturne avec une perche et un micro à la recherche des sons des grillons nous rappelle Luc Ferrari.
La présence d’un magnétophone à bande, les jeux possibles de la boucle - allusion à la relation avec la technique - lâche quelques effluves de poésie sonore où, comme chez Bernard Heidsieck, les mots « résonnent » plutôt qu’il ne « raisonnent ».

Si on ajoute, le son produit avec les objets du quotidien, et le rapport particulier développé avec le son fixé, c’est sans en avoir l’air, une sorte d’inventaire ludique des transformations musicales de la deuxième moitié du XX ème siècle :
Prise en compte de l’outil (micro, enregistreur, haut parleur), Présence du « son fixé » de la musique concrète, et ses manipulations possibles, Jeu improvisé avec des objets, Électrification des instruments, Disparition de la note comme élément central de la construction sonore, …

La proposition tend à montrer une certaine porosité des catégories musicales telles qu’elles ont été définie dans les années 50 (actuel/contemporain ; savant/populaire ; acoustique/amplifié ; écrit/improvisé).
Il y a du John Cage dans Kraps !

L’ensemble est composé sur un dispositif sonore où une attention particulière est portée sur la position des sons et leurs mouvements dans l’espace.

   


Magie Nouvelle  
 

La magie est ici entendue dans le sens développé dans le courant de la « magie nouvelle » : expression artistique d’un jeu sur la perception, moyen d’aborder et de comprendre les émotions engendrées par le trouble des sens.

Il s’agit de prolonger la magie du phénomène sonore (dans sa production en direct ou issue d’une captation) dans le monde de la magie visuelle, où les objets peuvent avoir une autonomie de mouvement, et les pensées une matérialisation visuelle.

Kraps n’est ni démiurge, ni victime de la magie. La réalité de son monde lui permet de remplir une carafe par le seul son d’une cascade de montagne dans son haut-parleur, d’avoir un archet qui vole près de lui quand il en a besoin pour faire de la musique, de poser sa guitare dans l’air, … Dans son monde les journaux froissés bougent et discutent, un balai se déplace seul sur le plateau, …
Sa présence est l’incarnation de la diégèse magique.
Il évolue dans l’univers magique d’un monde où le réel est détourné – dans le réel.

 

Troubles sonores
Le trouble peut aussi s'insinuer dans le domaine sonore : au sein du duo Kristoff K.Roll, le musicien J-Kristoff Camps poursuit depuis 1990 des recherches sur la théâtralité naturelle des sons: « Faire produire du son à l'objet, c'est déjà lui donner un autre sens. La magie permet en plus de jouer des potentiels du son fixé : substitution, désynchronisme ... ».  De monstrations en dispositifs d'écoute au casque, les créations du tandem proposent des alternatives aux codes classiques du concert : de la musique sans musicien - un écho à la magie sans magicien, l'une des pistes proposées par la magie nouvelle, qui nourrit les recherches pour la création de l'égaré. «Il s'agit de prolonger la magie du phénomène sonore dans le monde de la magie visuelle, où les objets peuvent avoir une autonomie de mouvement et les pensées une matérialisation visuelle. »
Julie Bordenave - In STADDA Spécial Magie Nouvelle

 

Salutations admiratives à Samuel Beckett, Jacques Tati, Tex Avery, Luc Ferrari.

 
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